CM 2018 : Les Bleus ratent le coche de peu
Posted by Playr
Sauf improbable renversement de situation, l’équipe de France ne disputera pas le Final Six du Championnat du monde à Turin : obligés de gagner leurs trois matchs du deuxième tour, les Bleus se sont inclinés vendredi à Varna face à la Serbie (22-25, 26-24, 25-20, 18-25, 18-16). Pas encore mathématiquement éliminés, ils affronteront la Pologne samedi.
Ce match face à la Serbie aura finalement été le résumé du Championnat du monde bulgare de l’équipe de France, celui des occasions manquées. Car comme contre le Brésil et face aux Pays-Bas lors du premier tour à Roussé, les hommes de Laurent Tillie auront eu les clés de la rencontre, mais faute de lucidité et de maîtrise technique dans les moments cruciaux, ils n’auront à chaque fois pas su conclure et « tuer » le match, là où leurs rivaux serbes ont réussi à le faire ce vendredi, au deuxième set, quand ils ont effacé deux balles de set à 24-22 contre eux pour l’emporter 26-24, et dans le tie-break, où ils auront sauvé trois balles de match avant de conclure sur leur première opportunité (18-16).
A chaque fois, leur pointu Aleksandar Atanasijevic, auteur de 38 points, à 35/54 en attaque, aura été décisif, particulièrement dans le tie-break, lorsque deux de ses services ont suffi pour en inverser le cours, tandis que dans le camp tricolore, si Stephen Boyer a soutenu la comparaison au niveau statistique (34 points, 29/46 et 5 blocs), il aura manqué d'un peu d’expérience pour faire basculer le destin du bon côté. Avec désormais trois défaites, l’équipe de France n’a quasiment plus aucune chance de se qualifier pour le Final Six de Turin et les mines défaites des joueurs à leur sortie du terrain en disaient long sur leur désillusion d’être passés à côté de leur objectif qui était de revenir médaillés.
Il aurait pour cela failli surfer sur un début de match entamé tambour battant par Boyer et Nicolas Le Goff (8-4), un avantage que les Bleus, emmenés par leur pointu (11 points dans ce premier set) conserveront jusqu’au bout (25-22) avant d’enchaîner en prenant d’entrée les commandes de la deuxième manche (3-0 puis 8-5 après un bloc de Benjamin Toniutti). Sans solution, les Serbes subissent (15-10), mais alors qu’on les pense moribonds, ils parviennent à passer en tête grâce à quatre points de suite sur service Kovacevic et une montée en puissance d’Atanasijevic (17-18). Les Bleus ne paniquent pas, se créent deux balles de set après un bloc décisif d'Earvin Ngapeth (24-22), auteur en tout de 15 points, mais ne concluent pas, ce dont profitent leurs rivaux pour enchaîner quatre points de rang et égaliser (24-26).
Ainsi remis en confiance, les hommes de Nikola Grbic, grâce à leur bloc et à la puissance d’Atanasijevic, se détachent (1-4, 8-13), mais les Français n’abdiquent pas et après deux aces d’Antoine Brizard, reviennent à une longueur (16-17), retour de courte durée puisque les Serbes s’en remettent à deux blocs de Jovovic et de Kovacevic et à un Atanasijevic inarrêtable pour reprendre de la marge (19-24) et empocher ce troisième set après le 26e point de leur pointu (20-25). Changement de scénario dans le quatrième avec des Français qui se détachent après le cinquième bloc de Boyer (13-7) puis après le premier ace de Rossard (23-16), Brizard mettant les deux formations à égalité (25-18).
Le tie-break prend des allures de partie de ping-pong, chaque équipe prenant l’avantage à son tour, Earvin Ngapeth plein axe offre une première balle de match aux Tricolores, deux suivront, non converties, tandis que la première serbe, conclue d’un ace par Kovacevic (16 points), sera la bonne (16-18). Voilà donc le Championnat du monde des Bleus quasiment terminé, il reste deux derniers matchs, samedi face à la Pologne et dimanche contre l’Argentine, pour sortir la tête haute, mais nul doute qu’il sera bien compliqué de trouver la motivation pour cette équipe de France, qui, quatre ans après sa belle quatrième place en Pologne, n’aura pas su hisser suffisamment son niveau de jouer pour prétendre au podium mondial.
Les réactions : ** **Laurent Tille, entraîneur de l’équipe de France : « Encore une fois, on peut gagner le deuxième set et le tie-break, et il y a deux-trois balles qui tombent par terre, on ne sait pas pourquoi, on fait des mauvais choix et ça coûte cher, ce sont des détails, mais à l’arrivée, on est éliminés en perdant trois fois 3-2. Si on avait gagné trois fois 3-2, on serait qualifiés. Il y a beaucoup de frustration, c’est dur. On n’est pas une équipe qui domine le volley-ball mondial, beaucoup d’équipes ont un très bon niveau, et à ce niveau-là, ça ne pardonne pas. On était pourtant arrivés à rester dans le match malgré la désillusion du deuxième set, on est juste là dans le tie-break, mais ça ne suffit pas. Il y a beaucoup de déception et de frustration, c’est dur à avaler, parce qu’on n’est pas si loin que ça. Par contre, on manque certainement d’un peu de sérénité et de lucidité sur la fin des sets, on se met peut-être un peu trop de pression ».
Benjamin Toniutti, passeur et capitaine de l’équipe de France : « On a le match en main dans le deuxième set, tout va bien et deux minutes d’absence, on perd ce deuxième set et on s’embarque dans un match beaucoup plus compliqué. Malgré ça, on reste dedans, on a été mentalement forts, on a réussi à revenir à 2-2, mais dans le tie-break, à l’image de ce Mondial, on a des opportunités, on ne les saisit pas, on fait trop de fautes dans les moments-clés, ça fait la différence. On perd trois fois avec deux points d’écart au tie-break, deux fois, on a le match en main, c’est dur parce qu’on se prépare depuis un an et demi, et on n’avait pas envie de finir comme ça ».
Earvin Ngapeth, réceptionneur-attaquant de l’équipe de France : « C’est le même match que contre les Hollandais, on n’arrive pas à tuer le match, on a six points d’avance dans le deuxième set, on commence à faire les beaux, on se fait remonter et on perd. On a le match en main, mais on arrête de jouer quand on gagne. On va rentrer à la maison, on est énervés, c’est frustrant, parce qu’aujourd’hui, ils ne sont pas plus forts que nous, mais ils tuent le match quand il le faut. C’est un problème de mental, c’est dur de perdre comme ça quand on pense à tout ce qu’on a fait pour en arriver là ».
Jenia Grebennikov, libero de l’équipe de France : « On a une opportunité au deuxième set, on mène 15-10, ils sont revenus, ont eu un peu plus de grinta et ont fait la différence au tie-break, ça se joue à rien. On n’a pas été très très bons, le deuxième set nous coûte cher, on les laisse revenir, c’est dommage. On a deux balles de set, on ne les convertit pas, c’est un peu notre péché durant ce Mondial, on est déçus. Il nous a manqué le petit truc en plus ».