CM 2018 : La victoire de l'espoir
Posted by Playr
Au lendemain de sa défaite face à la Serbie, l’équipe de France a relevé la tête ce samedi à Varna en battant avec une grande maîtrise la Pologne 3-1 (25-15, 25-18, 23-25, 25-18). Elle peut encore espérer terminer deuxième de la poule H à condition de dominer l’Argentine dimanche et que la Pologne perde face à la Serbie.
Cette équipe de France a décidément l’art de souffler le chaud et le froid. Depuis le début du Championnat du monde, elle alterne une victoire-une défaite telle une métronome, espérons qu’elle parvienne à casser ce rythme dimanche pour son dernier match de la deuxième phase. Car si elle bat l’Argentine, si possible avec les trois points (3-1), elle pourra alors espérer finir deuxième de la poule H, à condition que dans la foulée, la Pologne, qui vient d’enchaîner deux défaites, en concède une troisième, face à la Serbie, désormais première de la poule et assurée de disputer le Final Six.
Il faudrait alors attendre la fin de tous les matchs et sortir les calculettes pour connaître les deux meilleurs deuxièmes qui accompagneront les quatre premiers de poule au Final Six de Turin. Ce scénario renversant, peu imaginable vendredi soir, les partenaires d’Earvin Ngapeth, auteur d’une grosse prestation (26 points), l’ont en tout cas rendu possible en s’imposant samedi avec une impressionnante maîtrise face à la Pologne, la première victoire française contre cette dernière en Championnat du monde.
Sans Bartosz Kurek, ménagé, ni Michal Kubiak, affaibli par un virus, au coup d’envoi, les hommes de Vital Heynen avaient attaqué la partie en tête (1-4), mais les Bleus sont revenus aussitôt grâce à… neuf points consécutifs sur service Ngapeth, dont trois aces de l’intéressé et deux « monster block » de Stephen Boyer (16 points sur le match) et Kévin le Roux (11 points), auteur d’un gros début de match (11-5). L’écart passe à +8 après le quatrième ace (20-12) de Ngapeth, puis à +10 après le deuxième bloc de Boyer (23-13), le mot de la fin revenant à un Kevin Tillie très tranchant, auteur de 13 points (25-15).
Le début de deuxième manche est encore à l’avantage des Polonais (3-7), mais une nouvelle fois, les Tricolores repassent devant grâce à deux blocs du capitaine Benjamin Toniutti, un de Nicolas Le Goff qui enchaîne sur un ace (13-10), imité par Le Roux (18-13). Les Polonais ne reverront plus les Bleus qui prennent deux sets d’avance (22-18) et l’avantage dans le troisième (8-6). Les toujours champions du monde en titre, jusqu’ici moribonds, se mettent à devenir plus précis, grâce notamment à l’entrée de Kurek, ils passent devant (13-16), un avantage qu’ils conservent de justesse pour relancer le match (23-25).
Dans la foulée, ils creusent le premier écart (6-8), mais les Bleus restent concentrés à l’image de Ngapeth qui leur redonne l’avantage sur son 21e point (10-9) ou cette partie de foot entre Boyer et Le Roux qui permet à ce dernier de conclure au bloc (12-10). L’écart se creuse dès lors irrémédiablement (21-15 après le cinquième bloc de Boyer) et les Bleus plient le match sur leur première opportunité (25-18). Les voilà donc "toujours en vie" pour reprendre les mots de Ngapeth, qui promettait au retour à l’hôtel d’aller faire un tour dans la chambre des Serbes pour les motiver avant d’affronter la Pologne dimanche…
Les réactions :
Laurent Tillie, entraîneur de l’équipe de France : « On a vécu un peu des cauchemars avec ces trois défaites 3-2, c’était difficile de rebondir, parce que nous étions 150 mètres sous terre. Aujourd’hui, on a fait une préparation NBA, chacun a fait ce qu’il veut, un peu de muscu, un peu de piscine, mais surtout se relaxer. Sur le match, on a été à l’essentiel et on a eu pas mal de réussite, on a été dans le combat, on a retrouvé notre niveau et la pression est tombée sur les épaules des Polonais. Il faut essayer de garder tout le monde dans le calme et la concentration pour jouer à fond nos chances ».
Kévin Le Roux, central de l’équipe de France : « On a réappris à s’amuser sur le terrain, à prendre du plaisir, c’est bien, on est encore en vie, il reste un match demain et on fera les comptes à la fin, il n’y a rien de fait. Les Polonais nous ont posé un peu de problèmes dans le troisième set, mais ce qui est bien, c’est qu’au quatrième, on a réussi à reprendre les devants alors qu’ils avaient mis la grosse équipe. Personnellement, je me suis senti beaucoup mieux qu’hier, j’ai été plus servi par Benjamin, notre volley a été beaucoup plus propre ».
Benjamin Toniutti, capitaine et passeur de l’équipe de France : « Je ne pense qu’on avait perdu notre volley, on joue mieux ce soir, c’est sûr, mais les trois matchs qu’on perd au tie-break, c’est six points, si on les met de notre côté avec un peu de réussite comme on a eu ce soir, on les gagne, ces matchs. Ça fait partie du volley, du sport, on est en vie, il reste encore un match à aller gagner demain, sans penser à celui de la Serbie contre la Pologne, il faudra tout donner sur le terrain pour battre l’Argentine. Ça sera dur, parce que c’est l’équipe qui a le plus de caractère quand elle n’a plus rien à jouer, certaines équipes lâchent, pas les Argentins qui ont ça dans le sang, jouer pour leurs couleurs, c’est une grosse fierté ».
Kevin Tillie, réceptionneur-attaquant de l’équipe de France : « Quand on se fait plaisir et que ça gagne, c’est plus facile. Aujourd’hui, on a bien joué, bien tenu, et malgré la perte du troisième set de pas beaucoup, on est restés dans le match pour gagner le quatrième. On n’a rien à perdre, c’est forcément plus facile de jouer comme ça, on n’a plus notre destin entre nos mains, mais on jouera notre chance à fond ».
Earvin Ngapeth, réceptionneur-attaquant de l’équipe de France : « Ce qui est important, ce soir, c’est qu’il y a manière, le sourire, la joie retrouvée de jouer ensemble, de souffrir ensemble, c’est ça qui fait du bien au moral. Avec aussi le fait qu’on est toujours en vie. Demain, on va essayer de battre ces Argentins et après, espérer une victoire des Serbes. Les Argentins sont coriaces, ils ne lâchent rien, ça va être un match dur, qu’il va falloir aborder comme celui d’aujourd’hui, avec de la joie, des sourires, l’envie de jouer, il faudra aussi accepter de souffrir et que ce soit dur ».
Source: http://ffvb.org